Léa De Matteo a obtenu son Diplôme national d’expression plastique (DNSEP) art en 2021 à L’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy (Ensad Nancy) en 2021. Depuis 2017, son travail s’articule autour d’un personnage central : Joan Crawford (1906-1977), actrice emblématique de l’âge d’or Hollywoodien.
C’est le visionnage d’un film tout aussi iconique (Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, 1962) qui s’inscrit comme le point de départ d’une réflexion mouvante et obsédante. Ce projet, kaléidoscopique et narratif, se plie et se déplie autour d’une temporalité qui lui est propre. Naviguant sans cesse entre mémoire, fiction, intimité et contemporanéité.
Joan Crawford, monstre de cinéma, personnage à la scène comme à la ville, devient également actrice de ces productions plastiques qui se composent et s’écrivent à quatre mains.
Ce dialogue ininterrompu prend racine sur des recherches vertigineuses, mais organisées, d’archives en tous genres, de clichés, de documents, d’effets personnels avec le désir d’abolir la distance temporelle et d’éclipser l’aspect fatalement unilatéral de la relation.
C’est entourées de ces multiples témoins d’une vie passionnante, comme autant de vestiges d’une époque insaisissable, que s’éveillent des productions plastiques de diverses natures. Initialement sensible à la photographie argentique, c’est par ce médium que Léa De Matteo commence sa quête à rebours en s’adonnant à cette technique, fragile passerelle entre les deux époques.
Ce projet au long court, intitulé La Fiancée Muette, n’a cessé d’explorer, strate après strate, les sillons pour nourrir ce dialogue. Des apparitions photographiques aux recherches sur les pratiques spirites, c’est armée d’une curiosité sincère que l’artiste rend presque palpable un lien par essence invisible.
Dans ce va-et-vient temporel, elle exploite des techniques modernes, telles que l’impression 3D, pour donner « corps » à cette quête. Elle réalise ainsi un diptyque d’objets après l’acquisition d’un moulage du visage de Joan Crawford : leur deux visages, telles des sculptures aux proportions et dimensions exactes, face-à-face, immuables.
Léa De Matteo a réalisé deux courts-métrages, naviguant entre documentaire et cinéma, qui retracent pas-à-pas le chemin déjà parcouru et laissent entrevoir l’immensité de celui qui s’annonce.
En 2021, en prenant pour prétexte son mémoire de fin d’étude, elle écrit un livre qui dissèque et éclaire chaque événement, détail, sensation, rencontrés depuis le premier jour de cette relation aussi abyssale qu’insondable. En résulte deux versions, dont une audio, racontées par l’artiste en 30 chapitres. Cette pièce met en lumière une narration exhaustive de cette expérience peu commune en s’appuyant sur un échelle d’observation microscopique et ne laissant aucun évènement dans l’ombre, aussi minime soit-il. Ce livre est destiné à être édité en 2022.
De cette insatiable fouille archéologique se déploie des questionnements qui ne cessent de s’enrichir : l’héritage hollywoodien, les fantômes cinématographiques, l’évidence d’une rencontre pourtant posthume, le deuil, la trace laissée par chacun, le souvenir comme seconde existence…
Léa De Matteo exposera son travail en janvier 2023 à la galerie du Lendemain à Paris. Elle est actuellement en préparation d’une thèse à Strasbourg.